Platero

Platero y yo - Editorial Juventud

Platero et moi. Juan Ramon Jiménez

Paysage écarlate

Devant le crépuscule je demeure en extase. Platero, dont les yeux noirs se teignent d’écarlate solaire, gagne d’un pas paisible une mare carmin, rose violette ; son mufle plonge voluptueusement dans les miroirs, qui semblent se liquéfier à ce contact ; et dans sa gorge énorme passe comme un torrent profus d’eaux sanguines et ombreuses.

L’endroit est familier, mais l’instant le métamorphose et le rend insolite, délabré, monumental. On s’attendrait à découvrir à chaque instant quelque palais abandonné…

– En avant Platero…

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10 commentaires sur « Platero »

  1. Carte postale

    Lorsque l’âne Anatole
    Parle à l’âne qui vole,

    Il lui dit : Cher monsieur,
    Très pur âniot de Dieu,

    (Asinulus Dei,
    Comme en latin l’on dit),

    Est-ce vous qui portiez
    Le fils du charpentier

    Quand il quitta la terre,
    Aviateur solitaire ?

    Non, dit l’âne volant ;
    Moi je suis mécréant.

    Si je rencontre un ange,
    Je lui parais étrange ;

    Si je rencontre un diable,
    Je lui semble peu fiable ;

    Si je vois une ânesse,
    J’en fais une déesse !

    Anatole applaudit
    À ce que l’âne a dit,

    Puis il reprend sa route ;
    Aux grands chardons qu’il broute

    Il répète l’histoire
    De l’âne plein de gloire

    Qui chemine dans l’ombre
    Sans avoir le coeur sombre.

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